21 Novembre 2018
La démarche engagée par l’équipe du GISCOP93 depuis 2002 a permis de constituer une cohorte de plus de 1200 patients atteints de cancer dont les parcours professionnels reconstitués montrent comment les activités de travail réelles exposées aux cancérogènes s’inscrivent dans l’organisation du travail et son évolution (https://giscop93.univ-paris13.fr/). Cette enquête permet de montrer les difficultés croissantes d’identification des expositions dans le contexte de la précarisation du travail et de l’emploi des 25 dernières années. Le suivi des patients tout au long de la procédure de déclaration et reconnaissance en maladie professionnelle permet d’identifier les obstacles multiples aux droits à la reconnaissance de ces cas de cancer en maladie professionnelle. Dans le cadre du GISCOP, Annie Thébaud-Mony participe à plusieurs comités de thèse sur différents axes d’analyse des résultats de l’enquête, qui questionnent tant les rapports de domination dans le travail et la production que les mécanismes institutionnels de prévention et de réparation des atteintes graves et différées dans le temps à la santé des travailleurs. Des coopérations européennes et internationales permettent d’élargir la perspective aux conséquences de la mondialisation et des mécanismes de transfert de risque vers les pays d’industrialisation récentes. Annie Thébaud-Mony entretient des contacts réguliers avec des chercheurs européens et nord-américains, mais aussi indiens, turcs et brésiliens. En juin 2017, aura lieu à Paris un colloque international sur les cancers d’origine professionnelle organisé par le GISCOP93.
Annie Thébaud-Mony participe à un réseau international de chercheurs sur ce thème dans le prolongement d’un ouvrage collectif publié en 2011. Cet axe de recherche s’inscrit dans des collaborations entre chercheurs et mouvements syndicaux et citoyens pour l’amélioration des conditions de vie et de santé au travail, tant en France qu’au niveau international.
Cet axe de recherche est étroitement lié aux deux précédents, puisqu’il s’agit d’éclairer les mécanismes internes à l’institution scientifique, qui font obstacle à la mise en visibilité de dangers avérés, liés à l’expansion du recours à des substances et technologies toxiques, mais aussi à leur inscription dans les rapports sociaux de domination. Son dernier livre – la Science asservie - présente la synthèse de ses travaux sur ce thème, tout en s’appuyant sur une vaste littérature pluridisciplinaire.
Source : Iris